C’est quoi exactement un ETF ?
Un ETF (Exchange Traded Fund) est un produit qui copie un indice boursier. Il s’achète et se vend en Bourse, comme une action.
Concrètement :
- Un ETF CAC 40 suit les 40 plus grandes entreprises françaises.
- Un ETF S&P 500 suit 500 grandes entreprises américaines.
- Un ETF MSCI World suit des milliers d’actions de pays développés.
L’intérêt principal : en une seule transaction, tu investis dans un grand nombre d’entreprises, ce qui te permet d’avoir un portefeuille diversifié sans avoir à acheter les actions de dizaines de sociétés différentes.
Un ETF est souvent appelé tracker. Pourquoi ? Parce que l’objectif est de « traquer » (suivre) un indice, pas de le battre.
Quels sont les différents types d’ETF ?
Les ETF sont très variés, autant pour l’indice qu’ils suivent que dans la manière dont ils le suivent : 2 ETF suivant le même indice peuvent avoir des fonctionnements (et des résultats) différents !
Voici les grandes catégories à connaître :
Stratégie de distribution des dividendes
En achetant un ETF, tu deviens actionnaire d’entreprises, et tu peux donc recevoir des dividendes (une partie de ses bénéfices). Les ETF ont deux façons de gérer ça :
ETF capitalisant (Acc)
Les dividendes sont automatiquement réinvestis dans le fonds.
- Avantage : effet boule de neige grâce aux intérêts composés, idéal pour une stratégie long terme.
- Ces ETF sont dits « accumulatifs » et sont indiqués par les termes (A) ou Acc dans le nom, comme dans « Amundi MSCI World ETF Acc ».
ETF distribuant (Dist)
Les dividendes sont versés sur ton compte à intervalles réguliers.
- Avantage : permet de générer un revenu passif, utile si tu veux toucher des flux de trésorerie réguliers.
- Ces ETF sont dits « distributifs » et sont indiqués par les termes (D) ou Dist dans le nom, comme dans « iShares Core S&P 500 (Dist) ».
Stratégie de réplication de l’indice
Un ETF vise à reproduire la performance d’un indice. Mais la manière de le faire peut varier :
ETF physique (ou réplication directe)
Le fonds achète réellement les actions qui composent l’indice.
- Avantage : transparence et correspondance directe avec l’indice.
- Exemple : un ETF CAC 40 détiendra réellement des actions LVMH, Airbus, TotalEnergies, etc.
- Désavantage : l’émetteur doit en permanence acheter/vendre des actions pour suivre les changements de l’indice, ce qui impacte les frais.
ETF synthétique
Le fonds n’achète pas directement les actions de l’indice. Il utilise des contrats financiers (swaps) passés avec une banque pour obtenir la même performance.
- Avantage : permet d’accéder facilement à des indices compliqués à répliquer (pays émergents, marchés spécialisés).
- Exemple : tu peux investir sur le S&P 500 ou le Nasdaq via un PEA, grâce à des ETF synthétiques domiciliés en Europe.
- Limite : dépendance à une contrepartie bancaire, même si le cadre réglementaire réduit ce risque.
Il existe aussi des ETF à réplication physique par échantillonnage.
Plutôt que d’acheter toutes les actions d’un indice (parfois plusieurs milliers), le fonds en sélectionne un nombre représentatif.
C’est une manière de réduire les coûts de gestion tout en restant proche de la performance de l’indice. Cette méthode est souvent utilisée pour les très grands indices comme le MSCI World.
Univers d’investissement
Un ETF n’est pas limité à un seul type de marché. Il existe plusieurs grands univers d’investissement :
- Indiciaires : répliquent un indice boursier de référence comme le CAC 40 ou le S&P 500.
- Géographiques : couvrent une zone précise (ETF USA, ETF Europe) ou un ensemble plus large comme le MSCI World (23 pays développés).
- Sectoriels : regroupent les entreprises d’un secteur donné : technologie, santé, finance, énergie…
- Thématiques : ciblent une tendance de fond (transition énergétique, cybersécurité, intelligence artificielle…).
Ces ETF permettent d’adapter ton portefeuille à ta vision du marché : large et diversifié, ou ciblé et spécialisé.
Les ETF « non actions »
Quand on parle d’ETF, on pense souvent aux actions. Mais il existe aussi des ETF sur d’autres classes d’actifs, utiles pour diversifier un portefeuille :
- ETF obligataires : investissement dans la dette d’États (obligations souveraines) ou d’entreprises (obligations corporate).
- ETF matières premières (ETC) : or, argent, pétrole, cuivre… Mais attention, la plupart sont des ETF synthétiques : ils ne détiennent pas directement la matière première mais répliquent son prix avec des contrats financiers.
- ETF monétaires : placent l’argent dans des produits très sûrs à court terme (liquidités, bons du Trésor). Le rendement est faible, mais te permettent de patienter sans exposer ton argent aux fortes variations de marché.
Il existe même des ETF sur le bitcoin et d’autres cryptomonnaies. Ils ne sont pas éligibles au PEA mais peuvent avoir leur place dans ton portefeuille si tu veux être exposé aux cryptos sans les acheter directement.
Comment un ETF rapporte de l’argent ?
De la même manière qu’une action, un ETF peut générer des gains de deux manières :
-
Les plus‑values : si l’indice monte, la valeur de l’ETF monte. Tu peux alors revendre plus cher que ton prix d’achat.
Exemple : tu achètes un ETF à 100 €, il passe à 120 €, tu le revends : tu réalises une plus‑value de 20 €.
-
Les dividendes : certaines entreprises distribuent une partie de leurs bénéfices à leurs actionnaires. Comme ton ETF détient ces actions, tu touches aussi ces dividendes.
- ETF capitalisant : les dividendes sont automatiquement réinvestis, ce qui fait grossir la valeur de l’ETF sans que l’indice ait besoin de progresser.
- ETF distribuant : les dividendes sont versés sur ton compte.
Les ETF sont des placements en Bourse : ils offrent un potentiel de rendement élevé, mais comportent aussi un risque de perte en capital. Rien n’est garanti.
Simulation de performance : ETF vs Livret A
Pourquoi prendre des risques avec du capital non garanti alors que le Livret A existe ?
Pour le savoir, comparons deux stratégies d’investissement avec un versement mensuel identique :
- Livret A : rendement actuel de 1,7 %, épargne placée jusqu’au plafond de 22 950 €, puis laissée sur le compte courant.
- ETF MSCI World : diversification mondiale, performance historique moyenne d’environ 8 % par an.
| Montant investi | Durée | Capital final ETF | Capital final Livret A | Différence |
|---|---|---|---|---|
| 100 €/mois | 15 ans | ≈ 33 761 € | ≈ 20 466 € | ≈ +13 295 € |
| 150 €/mois | 20 ans | ≈ 85 350 € | ≈ 42 110 € | ≈ +43 240 € |
| 300 €/mois | 30 ans | ≈ 422 565 € | ≈ 122 110 € | ≈ +300 455 € |
Tu peux voir que sur le long terme, la différence est énorme. Même en tenant compte des années de baisse (comme 2008 ou 2022), la performance moyenne d’un ETF MSCI World est largement supérieure à celle du Livret A.
Si tu veux faire la simulation toi‑même, tu peux utiliser mon calculateur d’intérêts composés.
Comment investir dans les ETF ?
En France, tu peux investir dans des ETF via trois grandes enveloppes : le PEA, le compte‑titres ordinaire (CTO) et l’assurance‑vie. Chaque solution a ses avantages, limites et fiscalité.
Le Plan d’Épargne en Actions (PEA)
- Conditions : réservé aux résidents fiscaux français, dépôt maximum de 150 000 € (hors plus‑values).
- Éligibilité : uniquement les titres européens… sauf grâce aux ETF synthétiques, qui permettent quand même d’investir sur le S&P 500, le MSCI World, etc.
- Fiscalité :
- Avant 5 ans : imposition à la flat tax (30 %) sur les plus‑values. Cependant, un retrait entraîne la clôture du PEA.
- Après 5 ans : exonération d’impôt sur le revenu, seuls les prélèvements sociaux (17,2 %) s’appliquent.
- Avantages : fiscalité ultra avantageuse à long terme, idéal pour les ETF actions.
- Inconvénients : plafond limité, uniquement actions/ETF (pas d’obligations ou matières premières), retrait avant 5 ans fortement pénalisant.
Le PEA est la meilleure enveloppe pour débuter tes investissements long terme en ETF si tu vis en France. Pour en savoir plus, tu peux lire mon article dédié au PEA.
Le Compte‑Titres Ordinaire (CTO)
- Conditions : pas de plafond, ouverture très simple, accessible à tout le monde.
- Éligibilité : tous les ETF, y compris ceux non éligibles au PEA (ETF obligataires, matières premières, ETF américains physiques, etc.).
- Fiscalité : Flat tax (30 %) sur les plus‑values et dividendes.
- Avantages : pas de limite de versement, accès à tous les ETF.
- Inconvénients : fiscalité moins avantageuse que le PEA, surtout sur le long terme.
Le CTO est l’enveloppe la plus flexible, mais moins optimisée fiscalement.
L’Assurance‑vie
- Conditions : produit d’épargne très populaire, pas de plafond, possibilité de désigner des bénéficiaires (succession).
- Éligibilité : certains contrats proposent des ETF en unités de compte (UC). La liste dépend de l’assureur.
- Fiscalité (hors fonds euros, uniquement pour les UC) :
- Avant 8 ans : flat tax à 30 %.
- Après 8 ans :
- abattement annuel sur les retraits (4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple) : les gains ne sont pas imposés, seuls les prélèvements sociaux (17,2 %) s’appliquent.
- Au‑delà de cet abattement, le taux est de 24,7 % (7,5 % + 17,2 %), mais seulement sur les versements ≤ 150 000 €.
- Au‑delà des 150 000 € de versements, c’est de nouveau la flat tax à 30 %.
- Avantages : enveloppe polyvalente et souple, combine ETF + fonds euros sécurisés, excellente transmission en cas d’héritage.
- Inconvénients : choix d’ETF parfois restreint selon les assureurs, frais de gestion (souvent 0,5 à 1 %/an qui s’ajoutent aux frais de l’ETF).
L’assurance‑vie est idéale pour une stratégie mixte long terme (sécurité + ETF), mais moins rentable que le PEA si ton seul objectif est d’investir en actions.
En résumé
| Enveloppe | Plafond | Univers d’investissement | Fiscalité long terme | Avantage principal |
|---|---|---|---|---|
| PEA | 150 000 € | Actions et ETF européens (+ ETF synthétiques Monde/US) | Exonération après 5 ans (seuls prélèvements sociaux 17,2 %) | Fiscalité imbattable |
| CTO | Illimité | Tous les ETF (actions, obligations, matières premières) | Flat tax 30 % | Liberté totale |
| Assurance-vie | Illimité | Sélection d’ETF en unités de compte + fonds euros | Après 8 ans : abattement annuel + fiscalité douce | Transmission et diversification |
Le PFU (Prélèvement Forfaitaire Unique), souvent appelé « flat tax » est composée de la manière suivante : 12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux. Cependant, il est également possible d’opter pour le barème progressif de l’impôt sur le revenu (intéressant seulement si tu es faiblement imposé).
Stratégie optimale :
- PEA : priorité pour les ETF actions (Monde, S&P 500, Europe) tant que le plafond des 150 000 € n’est pas atteint.
- CTO : pour compléter avec des ETF non éligibles (obligations, matières premières).
- Assurance‑vie : pour la diversification, la fiscalité après 8 ans et la transmission.
Si tu es salarié, renseigne‑toi aussi sur le Plan d’Épargne Retraite (PER) et le Plan d’Épargne Entreprise (PEE) de ton entreprise. Ils proposent souvent une sélection d’ETF avec des avantages fiscaux et sociaux intéressants.
Quels sont les frais d’un ETF ?
Les ETF sont réputés pour leurs frais très bas comparés aux fonds traditionnels. Mais « pas chers » ne veut pas dire « gratuits ». En pratique, trois types de frais peuvent s’appliquer :
1. Les frais de gestion (TER)
Le TER (Total Expense Ratio) correspond aux frais annuels de gestion de l’ETF. Ils couvrent l’administration, la réplication de l’indice et la cotation en Bourse.
- Ils sont déjà intégrés dans la performance : tu ne les vois pas apparaître sur ton compte.
- Exemple : si un ETF affiche une performance brute de 10 % et a un TER de 0,20 %, ton rendement net sera de 9,8 %.
Un bon ETF aura un TER inférieur à 0,30 %, alors que des fonds actifs classiques sont souvent entre 1 à 2 % par an : cela représente une différence énorme sur le long terme.
2. Les frais de courtage
Comme une action, un ETF s’achète et se vend via un courtier (BoursoBank, XTB, DEGIRO, etc.). Chaque ordre engendre des frais :
- forfait fixe (ex. 1 € par transaction) ;
- ou pourcentage du montant investi.
Certains courtiers en ligne proposent même des ETF sans frais de courtage. Si tu comptes investir régulièrement en ETF, privilégie un courtier à frais bas ou gratuits. Tu peux trouver les meilleurs sur mon comparateur de PEA et comparateur de CTO.
3. Les frais liés à l’enveloppe fiscale
Selon où tu loges ton ETF, les frais diffèrent :
- PEA : en plus du courtage, certaines banques traditionnelles facturent des frais de tenue de compte.
- CTO : uniquement frais de courtage (aucun frais de gestion supplémentaire).
- Assurance‑vie : tu payes des frais de gestion de l’assurance‑vie (0,5 à 1 %/an) en plus du TER de l’ETF. C’est le point faible de cette enveloppe.
Autres paramètres à connaître
- Écart de réplication (tracking difference) : la performance d’un ETF peut légèrement s’écarter de son indice, selon les frais ou la méthode de réplication (parfois mieux, parfois moins bien).
- Liquidité : un ETF peu échangé peut avoir un spread (écart entre prix d’achat et de vente) plus large. Dans ce cas, tu paies significativement plus cher que ce que tu vends, c’est un coût caché pour l’investisseur.
À partir du moment où tu investis sur un ETF populaire, l’écart de réplication et la liquidité seront négligeables.
Avantages et inconvénients des ETF
| Avantages | Inconvénients |
|---|---|
| Simplicité : un seul produit permet de diversifier largement son portefeuille | Volatilité : un ETF actions peut perdre 30 % (ou plus) en cas de krach |
| Performance : sur le long terme, suivre le marché est plus efficace que d’essayer de le battre | Risque de change : si l’ETF est en dollars, la variation euro/dollar peut impacter la performance |
| Frais réduits : généralement 0,15 à 0,30 % par an, contre 1 à 2 % pour un fonds actif | Pas de « coup » : l’ETF fait la moyenne du marché, jamais mieux |
| Transparence : tu sais toujours exactement quel indice est suivi |
Comment choisir le bon ETF ?
Tous les ETF ne se valent pas. Pour éviter de te perdre dans l’offre, voici les critères essentiels à vérifier avant d’investir :
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L’indice suivi : c’est le point de départ. Monde (MSCI World), États‑Unis (S&P 500), Europe (STOXX Europe 600), émergents (MSCI Emerging Markets)… Choisis un indice cohérent avec ton horizon et ton niveau de diversification recherché.
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La stratégie de dividendes
- Capitalisant (Acc) : les dividendes sont réinvestis automatiquement, idéal pour faire grossir ton capital sur le long terme.
- Distribuant (Dist) : les dividendes sont versés sur ton compte, utile si tu cherches un revenu régulier.
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Le mode de réplication
- Physique : l’ETF détient réellement tout ou partie des actions de l’indice. Plus transparent.
- Synthétique : l’ETF utilise des contrats financiers (swaps). Moins intuitif, mais parfois nécessaire pour certains indices (ex. Nasdaq‑100, S&P 500 sur PEA).
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Les frais (TER) : plus ils sont bas, mieux c’est. Compare bien, car à long terme, même quelques dixièmes de pourcent font une grosse différence.
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L’éligibilité fiscale : vérifie où tu peux loger ton ETF (PEA, assurance‑vie, ou compte‑titres ordinaire). Le choix de l’enveloppe impacte directement la fiscalité.
Pour un premier investissement, beaucoup choisissent un ETF MSCI World logé dans un PEA. C’est souvent la combinaison la plus simple et efficace pour débuter.